lundi 27 août 2012

Mongolie - Jour 6

 J'ai passé la soirée à me plaindre. J'ai l'impression que pas une parcelle de mon corps n'a subit les sévices de cette marche équestre. Un cliché dit que "Le cheval, c'est un sport de fille"; ce cliché n'a jamais du monter à cheval 7 heures par jour !
Notre compagnon marcheur m'a dit que le pire dans ce genre de voyage, c'est le troisième jour, après tout va mieux. Et le troisième jour, c'est aujourd'hui : surtout qu'au programme du jour on nous annonce 45 kilomètres de cailloux en montée, soit un peu plus de 8h d'affilée.
C'est donc complètement rassuré et en pleine forme que je grimpe sur mon cheval ce matin-là. Il faut avouer qu'on ne nous a pas menti : pendant 4 heures nous n'avons vu que de la plaine caillouteuse sur laquelle nos chevaux avancent doucement mais sûrement (béni soit l'inventeur du fer à cheval). Arrivé à la pause de midi, j'envisage sérieusement de péter un plomb et de rentrer à pied. Je suis épuisé, endolori de partout et j'échangerais volontiers mon cheval contre un coussin moelleux, une douche chaude et un lit douillet. Je l'échangerais même contre rien du tout en fait.
Je décide d'attendre le soir pour décider quoi que ce soit, et tant bien que mal, le sourire crispé je remonte à cheval sous un soleil de plomb.

Avant de continuer, il faut juste rappeler que la Mongolie est comme un immense plateau situé en montagne. L'altiture moyenne en plaine est d'environ 1000-1500 mètres. Donc le climat est proche de ce qu'on connait en montagne; à savoir que côté temps, en montagne, tout peut arriver. Très vite.
Et donc, pendant que continuions notre calvaire sous un soleil de plomb, nous voyons au loin un gros nuage noir. Plutôt que de faire des suppositions sur le temps qui arrive, nous demandons au guide à grands renforts de gestes (comme partout, les locaux savent en général 3 jours à l'avance le temps qu'il va faire en jetant un simple coup d'œil en l'air). Le guide rigole doucement et nous rassure : non, il ne va pas pleuvoir, inutile de mettre les vêtements de pluie. 10 minutes après, nous descendons de cheval en catastrophe, cherchant des yeux un buisson où nous abriter, le tout sous une averse ... de grêle !
C'est à partir de là que, paradoxalement, tout ira mieux. Je suis enfoui dans mon buisson, priant pour que mon briquet n'ait pas pris l'eau en essayant de rouler une cigarette patiemment (essayez sous la grêle, vous m'en direz des nouvelles !), mon chapeau me protégeant de l'eau mais pas du doux martellement des billes de glaces sur mon crâne quand je me met à sourire. La fatigue, au pire, ça passera; par contre, ce qui se passe sous nos yeux, l'immense plaine en train de blanchir à vue d'œil sous l'averse, nous tous, ridicules à essayer de nous protéger en silence, le bruit des milliers de billes sur le sol, tout ça, oui, ça n'a pas de prix.
L'averse passé, nous repartons plus calmement, nous maudissant de n'avoir pas pris assez de vêtements de rechanges, mais le soleil est revenu aussi vite qu'il avait disparu et moins d'une heure après nous voilà secs. Après avoir traversé deux rivières surgies de nulle part au milieu de ce paysage désertique, notre chemin nous emmène sur la route principale de la région (je dis "route" car les voitures passent par là de préférence, mais il s'agit en réalité d'un large chemin de terre vaguement gravillonné, défoncé par les intempéries). Après quelques minutes sur la route nous commençons à apercevoir un second nuage noir. Sans demander à notre guide ses conseils météorologiques douteux, nous nous équipons à la hâte juste à temps : second nuage de grêle. Mais cette fois le vent se met de la partie, et l'averse semble plus violente. D'autant que notre guide à aperçu une maison où nous abriter non loin de là et nous voilà partis au galop, sous la grêle, en train de traverser un pont sous un vent qui manque nous désarçonner et fait tanguer les chevaux (j'ai vu le moment où le guide et moi-même nous retrouvions par terre). Au final, arrivée dans une sorte de café/dortoir où les deux hôtesses un peu surprises de voir arriver 3 diables occidentaux trempés, exténués mais heureux, nous servira un bon thé au lait bien chaud. Une fois le ciel remis de ses émotions, nous nous apercevons avec joie que le camp est juste à côté de notre point de chute de fortune, et que les tentes sont déjà montées. Ouf !

Ce troisième jour de cheval aura effectivement été le plus difficile, mais aussi le plus riche et positive en terme équestres. A partir de maintenant, la fatigue perdurera mais fera partie du voyage, et me permettra d'apprendre à moins forcer (donc mieux monter).


Demain, on ne bouge pas, petite ballade en perspective de 30 km prévue dans les alentours, ça tombe bien.

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